Des composés naturels des fleurs et fruits des Prunus pour lutter contre les attaques des monilioses

Parmi les champignons pathogènes des arbres fruitiers, le Monilia est particulièrement préoccupant chez les fruits à noyau comme le pêcher et l’abricotier. Il cause des dégâts majeurs sur fleurs, fruits et branches et seuls des traitements chimiques parviennent à le réguler. Dans un contexte de réduction des intrants phytosanitaires, les chercheurs du Centre PACA s’investissent pour mettre au point des moyens alternatifs de lutte contre les monilioses. Les projections dans les scénarios climatiques futurs réalisées par simulations permettent d’évaluer l’intérêt de décaler la floraison des futures variétés pour limiter l’impact de la maladie. En parallèle, les métabolites secondaires présents dans les organes infectés peuvent intervenir dans la défense contre cette maladie. La comparaison des profils biochimiques entre des variétés plus ou moins sensibles aux monilioses, a permis d’identifier des composés avec un potentiel antifongique. Ces éléments sont autant de pistes intéressantes à suivre dans les programmes de création variétale.

Contexte et enjeux :

Les fruits charnus à noyau sont sensibles aux maladies fongiques. La pourriture brune, qui est causée par Monilinia spp., est l'une des maladies fongiques les plus dommageables de ces fruits. Chez l’abricot, les monilioses affectent principalement les branches et les fleurs tandis que les pêches et nectarines sont essentiellement touchées à l’approche de la maturité et après la récolte. Cette maladie peut provoquer de graves pertes de rendement, et peu de moyens de contrôle sont disponibles autres que les traitements chimiques. Le développement de cultivars résistants à la pourriture brune est une stratégie idéale pour lutter contre cette maladie.

Le développement des monilioses est très lié aux conditions météorologiques qui influencent à la fois la phénologie des plantes et le cycle de vie des pathogènes. Aussi, le changement climatique peut-il avoir des effets sur l’incidence de cette maladie dans le futur, notamment  à la période de floraison. Le couplage de modèles de phénologie et d’épidémiologie est une stratégie efficace pour réaliser des projections sur les risques de cette maladie dans le futur en fonction des variétés. Il devrait aussi permettre une optimisation des traitements de protection.

Les plantes ont développé de nombreuses stratégies de défense contre les agents pathogènes. Elles produisent une vaste gamme de métabolites secondaires tels que les terpènes et les composés phénoliques qui s'accumulent dans les tissus externes ou à la surface de la plante. Le rôle de ces composés dans la défense des rameaux et fruits contre les monilioses n’a encore été que peu exploré.

Résultats :

Les travaux développés en collaboration entre le GAFL, l’UERI de Gotheron et AgroClim, en lien avec de nombreux partenaires, ont permis de réaliser des projections, dans des scénarios climatiques futurs différents et des régions ciblées, de la floraison des variétés d’abricot et de l’épidémiologie de la maladie. Cette étude a révélé différents effets du changement climatique selon le cultivar et l'altitude.

Les expérimentations liant des analyses de composés et des tests de sensibilité à l’infection de différents génotypes ont montré des corrélations significatives entre des teneurs élevées de certains composés, dans les branches d’abricotiers et dans les fruits de pêchers, et une sensibilité réduite des génotypes. L’activité antifongique de certains de ces composés sur la croissance et la sporulation de Monilinia laxa a été confirmée par tests in vitro.

Perspectives :

Les travaux de modélisation ont permis de développer un outil robuste pour prédire les conséquences du climat sur le développement de la moniliose sur fleurs chez l'abricot qui peut être utilisé pour concevoir des variétés mieux adaptées pour le futur. Des régions du génome impliquées dans la sensibilité ont été mises en évidence, le développement de marqueurs pour assister le choix variétal est en cours.

De même, l’identification de composés favorables produits par les plantes pour lutter contre les infections des monilioses est une piste intéressante pour la création variétale.

Valorisation :

Oliveira Lino L, Quilot-Turion B, Dufour C, Corre M-N, Lessire R, Génard M, Poëssel J-L: Cuticular waxes of nectarines (Prunus persica L. Batsch) during fruit development in relation to surface conductance and susceptibility to Monilinia laxa. Journal of Experimental Botany 2020. https://doi.org/10.1093/jxb/eraa284

Tresson P, Brun L, García de Cortázar-Atauri I, Audergon J-M, Buléon S, Chenevotot H, Combe F, Dam D, Jacquot M, Labeyrie B et al: Future development of apricot blossom blight under climate change in Southern France. European Journal of Agronomy 2020, 112:125960.

Del Cueto J, Kosinska-Cagnazzo A, Stefani P, Héritier J, Roch G, Oberhänsli T, Audergon J-M, Christen D: Phenolic compounds identified in apricot branch tissues and their role in the control of Monilinia laxa growth. Scientia Horticulturae 2021, 275:109707.

Monilia Lésion (2)

Lésion provoquée par M. laxa sur une nectarine infectée en laboratoire

Date de modification : 21 juin 2023 | Date de création : 17 décembre 2020 | Rédaction : SLP